English version : https://nathjy.travel.blog/2020/06/14/traffic-jam/

D’un bleu indéfinissable, l’Ambassador remplissait le pare-brise. Indéfinissable, mais plutôt inhabituel en Inde, car plutôt mat, terne, presque foncé sans aller jusqu’à « class ». D’ailleurs, comme indiqué sur la malle arrière, il s’agit d’une Ambassador classic. « Class », mais avec un hic. Hic comme « pas à sa place » au milieu de toutes les voitures modernes qui composent l’embouteillage à la sortie de l’aéroport de Bangalore. Une espèce de survivance colonialiste au milieu d’un flot néo-libéral de Toyota, Suzuki et autres Tata… Quoique, peut-être simplement pour rappeler que le néolibéralisme n’est qu’une évolution du colonialisme. Soit, cette Ambassador, rutilante comme un sous neuf, parée d’une cocarde indienne, d’un autocollant « B/A » et d’un numéro d’immatriculation long comme l’Inde, attend son tour, comme toutes les Toyota, Suzuki et autres Tata, coincée elle aussi dans cet embouteillage au soleil couchant. Pendant ce temps, profitant de leur petite taille, un flot de scooters, motos, « pétrolettes », Tuk-Tuk se faufilent sur la gauche au milieu du silence des klaxons, inutiles à cet instant, car rien ne bouge. Aucun conducteur n’a besoin de signaler sa présence aux autres, c’est l’attente…Doucement, cela se remet à bouger, un coup de klaxon se fait entendre… attention le rodéo indien va bientôt reprendre…
Par Jean-Yves





