English version : https://nathjy.travel.blog/2020/07/03/the-merchant-of-happiness-at-les-grands-voisins/

La plupart d’entre vous connaissent déjà notre passion pour les Grands Voisins. Ce lieu expérientiel, cette mini-zad, ce petit coin de paradis, ce centre d’hébergement alternatif, ce projet urbain en perpétuel mouvement, construction, mutation, enfin donnez-lui le nom que vous voulez, tous lui conviendront.

Mais connaissez-vous le marchand de bonheur qui est installé depuis quelques années au 6 de la Cour Robin? Marchand de bonheur ou marchand de bonnes odeurs ?

Lorsque vous passez le porche du 71, avenue Denfert-Rochereau, vous pénétrez de suite dans la Cour Robin. Sur votre droite, aujourd’hui, il y a une ambiance guinguette qui fleure bon la fin du printemps et le début de l’été.

Quelques guirlandes lumineuses sont suspendues sur une construction éphémère en bois. Des tissus aux couleurs vives sont tendus en travers et la vigne vierge court sur la treille et donne un air enchanteur à ce coin de la Cour.

Laissez-vous guider dans ce petit coin perdu pour prendre un verre, oubliez le bruit de la rue et la vie trépidante du dehors. Ici tout vous invite à la détente. Même les vieux murs qui ont vu naître tant et tant de petits parisiens, au travers des siècles, semblent prendre une pause repos.

Sur la gauche, on vous invite au Banya, ces fameux bains chauds, pour une détente plus complète.

Juste avant les banyas se trouve une pergola en forme de planète terre, sur laquelle des plantes sauvageonnes commencent à courir.
Ici la nature reprend ses aises, en plein coeur de Paris et vous invite à prendre les vôtres. ça pousse et Dieu que c’est bon !

Avancez, approchez encore un peu, vous êtes ici chez vous en voisin. Un panneau vous souhaite le bonjour. Il y a à droite et à gauche des boutiques de créateurs et des ateliers bien cachés.

Les numéros des boutiques rivalisent avec les fleurs qui gagnent un peu plus de terrain chaque jour.

Avant de franchir le deuxième porche qui vous conduirait à la Lingerie, prenez donc le temps de faire connaissance avec le marchand de bonheur.
Des brins d’avoine attendent patiemment dans un bac à gauche du porche, on approche du but. Ils font la nique aux dentelaires d’un bleu lavande. Qui imaginerait que des parisiens chanceux ont un marchand de bonheur, caché derrière une haie de fleurs, en plein coeur du XIV ème arrondissement. Admirez ces demoiselles dentelaires, qui se parent chaque jour pour vous offrir une belle devanture. Elles s’élancent à l’assaut du ciel et laisse entrevoir l’échoppe du marchand de bonnes odeurs. Avec leur jeunesse arrogante, elles défient les vieilles pierres paisibles de l’ancien hôpital St Vincent de Paul.

Alors maintenant, suivez-moi en toute confiance. Laissez-vous emporter par l’aventure d’un soir.
Laissez-vous embringuer parce qu’ici on a hâte de vous revoir…pour jouer au ping-pong sur une voiture retournée, se désaltérer à la buvette, manger un bout chez Ghada, cuisiner de bons petits plats et partir en Maraude, et bien plus encore…

Jetez un regard discret du côté gauche ; une vieille fenêtre, un parapluie abandonné dans un coin, une vigne vierge …

Subitement la fenêtre s’entrouvre. Laissez vous assaillir par les bonnes odeurs du marchand de bonheur : biscuits au sarrasin, pizzuches tomates basilic, pain, levain…Les émotions vous envahissent soudain de bonheur et vous emportent au pays des souvenirs.
Petit à petit, une partie de la Cour Robin est conquise par les bonnes odeurs. Ça sent la pâte à pain, le pain qui lève, qui gonfle, la mie moelleuse, et la croûte qui croustille. Ça sent le naturel, les gressins, les biscuits croustillants, le moelleux gros bisous praliné, les cuccioles à l’anis, les blés anciens, les céréales d’un autre temps. Les miches de pain sont comme des collines et l’on croirait entrevoir les collines de Toscane en les regardant.
Il faut dire que celui que vous apercevez maintenant derrière la fenêtre entrouverte, il en a parcouru des kilomètres, pour dénicher les amoureux de la terre et des graines, qui produisent les farines qu’il utilise. Lui aussi, il est amoureux des graines et son amour est contagieux. Qui parmi ses clients ne l’a pas vu un soir, les yeux pétillants, s’enflammer pour des lentillons ou des graines de seigle ?
Le voici qui s’active maintenant dans son fournil pour vous livrer quelques instants de pur bonheur.

La cuisson est presque terminée et ça fleure bon la pizzuche et le pain chaud. La queue de clients s’allonge maintenant comme un serpent dans la Cour Robin et les échanges vont bon train. Taper la discute, ça fait aussi partie des possibles, avant ou après la foule, car le marchand de bonheur a aussi ses humeurs et ses douleurs. Il est aussi un grand penseur qui ne rechigne pas à refaire le monde avec ceux qui rêvent de changement.

Il a tout le temps de penser tandis que la pâte travaille, lève…ici la fermentation est longue et le levain prend son temps. Le marchand de bonne humeur façonne la pâte de ses mains, la pétrit, la caresse, la retourne, l’aplatit ou la met en boule. Rien n’est laissé au hasard et les recettes sont toutes épinglées sur le paravent.

Les pains tout chauds attendent le client sur les étals, laissant désormais planer leur délicieuse odeur dans tout le magasin.

Ici le pain vous emmène au ciel à coup sûr, les ingrédients sont bio et les pains sont ben biaux !

Notre marchand de bonheur met ses clients de bonne humeur, il se nomme Chardon.
Ici après la journée, la vie continue et vous emporte dans un autre univers bariolé de mille couleurs et comme la petite souris peinte sur le mur, après avoir dégusté les bonnes céréales, vous vous laissez emporter au pays du bonheur et du bon pain !

Par Nathalie


































Un vrai régal de lire de si bon matin ces petits moments si bien décrits tu nous transporte chaque fois dans des univers variés et enchanteur !bravo
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