
Après avoir arpenté durant quelques heures les rues ensoleillées de Paris, déboucher soudain dans le quartier russe orthodoxe au cœur du huitième arrondissement. Se souvenir de nos années lycée, lorsque nous apprenions le russe et que dans un même élan nous avions découvert l’URSS et l’âme slave tant de ses écrivains célèbres que de ses habitants.

De retour d’une immersion en Russie puis en Ukraine, notre professeure de russe, une charmante jeune femme, nous avait conseillé d’aller assister un soir à la veillée de la Pâque orthodoxe russe, dans la magnifique cathédrale Saint Alexandre Nevsky, rue Daru.

Située en plein cœur du quartier russe, se retrouver, de nombreuses années plus tard, dans la rue Daru, en arrivant par la rue Pierre Le Grand.

Croiser la rue de la Néva et se laisser glisser sur les berges du célèbre fleuve. Renouer avec l’âme slave au hasard des pérégrinations dans le quartier.

S’extasier devant les bulbes dorés qui dominent les chatiors et qui sont surmontés de la croix russe à huit branches.

Se sentir propulsé quelques années en arrière face au majestueux monument et avoir une envie irrépressible de retrouver le goût d’une pâtisserie dégustée, ce soir là, en sortant de la veillée.

A l’horloge de l’édifice, il est 16h30, c’est justement l’heure du goûter.

Faire opportunément volte-face et apercevoir à l’angle de la rue Daru et de la rue Pierre le Grand, le restaurant de renommée : A la ville de Petrograd, une institution fondée en 1924 par un officier en exil de la garde de Nicolas II.

Pénétrer à l’intérieur et être accueilli par un chantant « Sdrasvioutié ». Sentir que les premiers mots reviennent rapidement à la mémoire. « Sdrasvioutié, pajalousta, spassiba…dieti minuti… ». Nous voici désormais dans un autre univers.

Imaginer toutes les rencontres qui ont pu avoir lieu ici depuis les années 20.

Tout en attendant d’être servi, se laisser toucher par la décoration de bon goût qui nous plonge au cœur de la Russie de l’époque.

Sur le comptoir, admirer un ancien Samovar qui a dû entendre tant et tant d’histoires ; celles des premiers russes immigrés d’après 1917 qui se retrouvaient ici et chantaient, dans leurs mélodies lancinantes, leur vie d’avant.

Dans un autre recoin, être saisi par la touche de couleurs vives apportées par quelques matriochkas déposées là avec soin.

Sur une table, côté rue Daru, quelques sacs attendent patiemment ceux qui vont se délecter, dès ce soir, des mets russes les plus raffinés.

Consulter la carte des spécialités et être emportés par les noms sonnant des Pirojki, du koulibiak au saumon et autres plats.

Se laisser distraire quelques minutes par une matriochka d’une finesse époustouflante.

La contempler sous tous les angles.

Apercevoir enfin les vatrouchka tant espérés.

Se décider pour un vatrouchka et une sharlotka aux pommes et à la cannelle.

Admirer la serveuse qui, tout en devisant dans un accent slave chantant, emballe les pâtisseries avec délicatesse.

De retour à la maison, savourer l’odeur et contempler la texture. Croquer une bouchée et laisser les souvenirs affleurer à la mémoire comme si le goût ramenait avec lui les bons moments partagés et que le temps n’avait rien effacé de ces souvenirs. Comprendre alors pourquoi les russes, parfois quelque peu nostalgiques de leur pays, se retrouvent ici rue Daru pour y retrouver les parfums et les saveurs d’antan.
Par Nathalie -ou Babouchka pour certains-
Délicieuse bouffée de nostalgie
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