L’époque est à la morosité, c’est le couvre-feu. Pourtant, à l’image du pollen qui envahit les trottoirs et caniveaux de la cité, la nature continue de vivre. Alors l’ami, viens, on t’embarque le temps d’une virée dans le XIVème. N’aies pas peur de lever les yeux, ensemble nous découvrirons quelques petites merveilles, je te le garantis !

Tiens, commençons par cette gargouille sur une façade art déco, au coin de la Villa St Jacques. Etonnante, n’est-ce pas ?

Allez, continuons et allons faire quelques pas sur l’avenue René Coty y découvrir quelques façades toutes simple et pourtant harmonieuses et paisibles.

Empruntons ensuite la rue Hallé, et laissons-nous enivrer par les senteurs capiteuses d’une belle glycine de la capitale.

Imaginons-nous abeilles se faufilant entre ses grappes et savourons le plaisir intense de ces arômes de printemps.

De l’autre côté de la rue, arrêtons-nous un instant pour admirer d’anciens ateliers. Apprécions les petites touches de couleurs ça et là, grâce aux plantes déposées par les amoureux des belles choses et du vivant.

Au coin de la rue d’Alembert arrêtons-nous pour regarder cette façade de briques et de pierres mélées, datant d’une époque où il fallait des ornements sculptés pour que cela soit sérieux.

Sur la placette ensoleillée, à peine un peu plus loin, nous serons de nouveau irrésistiblement attirés par l’odeur suave d’une autre glycine en fleur.

Les grappes de fleurs s’écoulent le long des jardins et répandent leurs effluves dans tout le quartier.

Villa Hallé, nous n’aurons aucune peine à oublier que nous sommes en plein cœur de Paris. Nous serions-nous pas perdu dans l’un de ces villages du sud de Paris ?

La pierre, la brique, le béton et le fer gagnent, mais la nature lutte. Elle défend pas à pas sa place et toujours la revendique et repart à l’assaut partout là où c’est possible.

Levons les yeux à l’endroit même où la rue Hallé tourne et se divise avec la rue Sophie Germain. Admirons ces magnifiques balcons tout en ferronneries joliment travaillées.

Laissons-nous aussi surprendre par une fenêtre dont la symétrie est renforcée par la symétrie des fleurs roses qui l’ornent. La beauté se révèle bien souvent dans la simplicité.

Place Michel Audiard… que ferait dire le célèbre metteur en scène à Blier ou Ventura de passage dans le coin à la recherche du grisbi ?

Tout en arrondis ou en angles bien dessinés, la surprise est présente à chaque coin de rue.

Plaque de rue ou clap de cinéma ? Tout ici est prêt pour une scène du 7ème art.

Derrière chacune de ces fenêtres, il y a, n’en doutons pas, de quoi nourrir une intrigue… derrière les vitres de celle du centre, dans lesquelles se reflètent les maisons du rond point, nul doute qu’un faussaire surveille, alors que derrière les persiennes fermées s’active un graveur… où est la rotative ?

Quittons le cinéma et revenons à la simple architecture ces vitres toutes lisses et ces toits pentus de zinc, trop pentus pour y risquer une vedette !

Alignements parfaits de volets aux teintes pastelles.

Les habitants de ce quartier prennent soin les uns des autres et il suffit bien souvent de lever la tête pour découvrir une petite touche d’attention. Ici un olivier, symbole de paix.

Là un autre, accompagné de quelques jonquilles finissantes et d’un lumignon. On a le sens du détail et cela participe au bien-être de tous.

Les voici de plus loin ces deux petits oliviers fièrement dressés au-dessus de l’Ordonnance, restaurant où on a l’habitude de bien soigner les clients !

Au coin, à quelques pas de là, un store laisse entrevoir des volets intérieurs à demi clos, il faut dire que, ce dimanche, si l’air reste frais, le soleil commence à cogner.

Dans la rue du Couëdic, les façades de petite maisons alternent avec celles d’immeubles aux volets de couleurs. Cela crée une belle harmonie… les grands surveillent et protègent les petits.

Au coin de la rue Rémy Dumoncel, laissons-nous surprendre par la couleur des briques qui élèvent un pignon haut dans le ciel bleu.

Un coup d’œil en arrière pour apercevoir la rue Hallé qui tourne, retourne et disparaît.

La magie de ce coin de quartier ne tient-elle pas à ces contrastes permanents entre les hauteurs des différents bâtiments ?

Sur une façade tout de blanc vêtue, voici un pied de tomates et une lavande qui prennent le soleil : mais attention au gel nocturne ! Les saints de glace ne sont pas encore passés.

Un peu plus loin, ce sera un petit Ginko et d’autres essais de plantation. Qui dit que les citadins n’aiment pas la nature ?

Passage Montbrun, découvrons d’anciens ateliers qui donnent tout son charme à ce bout de quartier.

Au croisement des rues Hallé et Bezout, juste au-dessus de la Table de Bezout, admirons les alignements des façades.

Laissons-nous éblouir par la blancheur des devantures qui percent derrière les arbres en pleine explosion.

Hop ! Un tour sur nous-même et levons la tête vers ce frontispice travaillé qui s’étire vers le bleu du ciel.

Et, nous enfilant dans la rue, nous apercevons à nouveau des ateliers au charme suranné, et qui nous rappellent qu’avant d’être une cité de bureau, Paris était une cité industrieuse. Partout des traves des ateliers et des fabriques ! Imaginons comme cela devait être animé !

De ci de-là laissons-nous émouvoir par un pot de géraniums ou par quelques jacinthes. Le citadin n’est jamais qu’un paysan qui vit en ville !

Juste au-dessus de l’enseigne de l’Atelier des Elfes, quelques marguerites de toute beauté charment notre regard.

Et au croisement avec la rue d’Alesia, là, juste sous le lampadaire, nous nous retrouverons dans quelques jours pour la suite de notre virée… si le cœur t’en dit !

Par Nathalie et Jean-Yves