Notre première randonnée au Népal

de Bandipur à Ramkot, guidés par Roshan

Voici l’aube dans le charmant village de Bandipur, à propos duquel je vous entretiendrai plus longuement dans un prochain article.

Dans ce petit matin brumeux, les villageois commencent à s’activer, échangeant entre eux les politesses habituelles. Nous sommes entourés de montagnes mais elles restent pour le moment invisibles à nos yeux : l’horizon est complètement bouché par la brume matinale.

Nous savourons le petit déjeuner au miel du pays et…

on nous suggère de le prendre rapidement afin de partir sans tarder, car le soleil va arriver et ne manquera pas de nous brûler la peau et de nous assoiffer. Bien restaurés par ce succulent porridge, nous avons de quoi tenir toute cette journée de randonnée qui s’annonce bien.

A la sortie du village, le soleil est déjà levé et Roshan, notre guide de montagne, nous invite à porter nos regards sur la droite. Quelle belle surprise de découvrir l’Himalaya qui se détache sur l’horizon : une première émotion pour tous les deux !

Au-delà des cultures en espaliers, apparaissent les majestueuses montagnes enneigées desquelles nous nous approcherons encore plus lors de notre trek prévu dans les prochains jours dans les Annapurna.

Aujourd’hui, il s’agit seulement d’un petit échauffement. C’est parti pour la grimpette ! Un groupe d’allemands nous devance. Le versant est déjà bien ensoleillé et nous commençons à comprendre pourquoi on nous a mis en garde sur la chaleur.

La montée se déroule paisiblement, portés par la majesté des paysages tout autour de nous. Roshan est vraiment très agréable. Il nous délivre régulièrement des informations sur le climat, la vie locale, les paysages. Instituteur remplaçant, il espère être titularisé prochainement. A cet effet, il doit bientôt passer des examens à Pokhara, la grande ville du district. Nous partageons nos espoirs d’un monde plus juste et plus équitable. Les échanges sont paisibles et nous permettent de mieux appréhender la philosophie de vie dans cette région.

Les versants sur la gauche sont magnifiques pour qui aime la montagne sculptée par les cultures en espaliers.

De-ci delà, dans la grande vallée, quelques maisons isolées.

Ici un berger et là quelques chevrettes bien aventurières. A vous de les trouver !

La route qui sillonne la vallée en contrebas est aussi celle qui mène à l’école. Un unique bus l’emprunte le matin et le soir. Il ne faut pas rater, sous peine de devoir faire deux heures de marche pour aller à l’école.

Je mets mes pas dans ceux de Roshan pour ne rien louper de ses explications et je me cale sur son rythme pour la montée.

Après quelques virages, nous rencontrons une bergère. On commence à pénétrer dans un autre monde et on a le sentiment de belles rencontres se profilent à l’occasion de ces prochains jours de marche.

Dans le champ en contrebas, une femme travaille la terre avec sa petite houe.

Quelques échanges, quelques sourires partagés, nous admirons son endurance et son savoir-faire. Nous lui demandons si elle est d’accord pour que nous la prenions en photo. Pas de souci, bien qu’elle ne se trouve pas belle, ce qui n’est pas notre avis, car elle est magnifique, évidemment !

Si l’on prend le temps de bien observer, tout autour de nous, les paysans sont en plein travail de labour et de préparation des semis.

Roshan, quand il sent que la fatigue nous ralentit, nous offre des petites pauses au cours desquelles il nous initie aux merveilles de la nature. Ici tatouage éphémère à base de fougères : n’est-ce pas tout simplement magnifique ? Nous apprenons à donner toute sa valeur au temps présent. Aucune précipitation, on vit dans l’instant présent.

Plus nous prenons de hauteur et plus le paysage devient fascinant.

Nous marchons un moment en compagnie d’un berger et de son troupeau. Je me sens alors une âme de bergère ! Nous voilà bien éloignés de nos vies parisiennes. Cela me donne du courage pour arriver jusqu’au village de Ramkot.

Quand nous pénétrons dans le petit village, nous sommes surpris par le calme qui règne. En effet, la plupart des habitants sont aux champs. Cette grande tranquillité ne nous empêche pas de tomber sous le charme les lieux, même si quelques douleurs articulaires dans la jambe droite viennent un peu me gâcher le moment. Mais mon esprit, de plus en plus occupé par la découverte de mille détails qui nous entourent, finit par me faire oublier la gêne.

Nous faisons le tour de ce village magar typique avec ses maisons traditionnelles. Une alchimie de couleurs, de maisons basses avec des abris tout autour, c’est extra. Ce village est encore préservé de la modernité.

Chaque famille possède sa ruche, suspendue à l’entrée de la maison. Nous observons le va-et-vient continue des abeilles qui patiemment fabriquent le précieux nectar.

Nous arrivons ensuite chez des amis de Roshan. Ils habitent une maison traditionnelle toute ronde. Nous découvrons le fonctionnement du moulin à farine, toujours en état de marche.

La famille de Chandra nous accueille très chaleureusement et nous offre une tasse de thé ainsi que de merveilleux sourires.

Un moment d’échange très sympathique dont nous nous souviendrons longtemps même si nous ne parlons pas la même langue.

Quelque soit son âge, chacun a ses outils pour travailler la terre. Nous avons droit à une démonstration.

Nous sommes conquis.

Juste après avoir quitté les amis de Roshan, nous faisons connaissance avec une vieille femme qui écosse les grands haricots secs pour l’hiver.

Plus loin, au détour d’une ruelle, nous échangeons quelques mots avec une autre femme. Elle trouve le temps long tandis que sa famille s’affaire dans les champs.

Elle surveille le séchage des graines de moutarde, chassant de sa longue baguette les pigeons qui jettent des regards envieux sur cette manne providentielle.

On imagine sans peine qu’ici, à la saison froide ou à la saison des pluies, les journées puissent sembler longues, comme nous l’explique un vieux couple de paysans. Nos esprits d’occidentaux, saturés de bruit et de proposition d’occupations, accueillent volontiers la paix qui règne ici . C’est une atmosphère de méditation que nous apprécions particulièrement après le tumulte de Katmandou. Une véritable école de paix et les prémices d’un changement de cap pour notre vie personnelle future.

Sur le chemin du retour, tout en bas, nous apercevons l’école et juste à côté un couple de paysans qui conduit les buffles pour le labour.

Il fait chaud et sec. Seuls quelques arbres apportent une touche de verdure et à cette heure, les zones ombragées sont rares.

Si l’on prête bien attention, on voit que l’activité ne manque pas sur les espaliers. C’est féérique et nous ne cessons d’être en contemplation.

La nature modelée par la main des hommes et le travail des buffles nous offre de quoi nous extasier à chaque détour de la montagne. Et c’est heureux car ma douleur dans la jambe droite se fait de plus en plus lancinante… il me faut occuper l’esprit pour avancer sans y prêter trop attention.

Aussi, il vagabonde d’une habitation à l’autre, d’un coin à l’autre de la vallée. Il saute d’un espalier à l’autre, s’arrête là un instant, puis revient sur le chemin, puis s’envole un instant dans le bleu du ciel… ces vagabondages incessants me permettent de me distraire des tensions qui s’installent dans les muscles alors que la descente commence. La proximité des habitants avec la nature est un modèle inspirant et qui favorise la détente.

A chaque virage, de nouvelles découvertes. Nous pourrions passer toute la journée à observer l’activité des paysans de ce coin de montagne.

Quelques paysans allument des feux dans la montagne, pour désherber et pour que les animaux profitent de la première repousse. C’est dangereux et interdit mais cela se produit régulièrement malgré tout.

Assis au beau milieu des cultures en espalier un homme médite et se repose.

Un peu plus bas, les gens travaillent en petit groupe. Cette culture et cette façon de vivre à quelque chose de fascinant.

La jambe se tend de plus en plus malgré les respirations alternées, la marche ralentit. Roshan se montre patient et ralentit aussi son rythme car il faudra arriver à pieds au bout du chemin. Ici, on croise rarement un véhicule.

Il est temps de faire quelques étirements si je veux continuer jusqu’au bout d’autant que la morsure du soleil se fait maintenant bien sentir et que l’on annonce un gros orage pour la fin de la journée.

Jean-Yves et Roshan profitent de mes pauses étirements pour quelques échanges et quelques photographies. Nous nous réjouissons de passer de si bons moments avec Roshan et son merveilleux sourire.

Roshan nous présente le projet de muraille de Bandipur qui espère ainsi rivaliser un jour avec la Grande Muraille de Chine !

Il nous montre que l’école dans laquelle il enseigne cette année ne se situe pas là, mais à deux heures de marche, de l’autre côté de la vallée, sur l’autre versant. Il s’y rend chaque jour.

Et voilà qu’au détour d’un virage apparait enfin le village de Bandipur. Sur la gauche, un hôtel est en cours de construction ainsi qu’un téléphérique pour le rejoindre depuis la vallée, nous trouvons que c’est bien dommage pour l’authenticité du lieu… Roshan, tout comme nous, craint l’arrivée d’un tourisme beaucoup moins vert et moins éthique. Les derniers mètres jusqu’au village se font lentement car ma jambe droite refuse maintenant de se plier. Il me faut tailler deux bâtons de fortune et trouver des astuces pour réussir à continuer de descendre. Mais surtout je dois laisser mon esprit continuer à vagabonder de vallées en vallées, cela m’aide à moins penser à la douleur… Nous arrivons finalement à Bandipur juste un quart d’heure avant le très gros orage annoncé. De bons étirements, ainsi qu’une douche bien chaude viennent rapidement à bout des crispations de ma jambe. Une bonne nuit de sommeil, et je serai prête pour le trek. Et ce jour-là je n’oublierai pas de prendre mes bâtons de marche pour les descentes ! Nous avons hâte de découvrir le balcon des Annapurna et de rencontrer les populations locales. Un immense merci à Roshan pour cette première initiation à la découverte des montagnes et à la rencontre d’un si beau peuple.

Par Nathalie et Jean-Yves

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. Avatar de Inconnu Anonyme dit :

    Toutes magnifique! C’est un dépaysement complet! C’est heureux pour nous de profiter de ces belles images et de voir le quiétude des habitants.
    Après la lecture du superbe livres kilomètre zéro, ça fait plaisir de retrouver ce contexte qui n’a rien à voir avec le nôtre, ça donne envie d’y aller! Merci, c’est hyper intéressant !.

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire