Une belle expérience de participation à un mariage indien au Kerala

Une occasion unique pour découvrir les préparatifs d’un mariage indien de l’intérieur dans une ambiance authentique et chaleureuse. Vivre l’instant présent au sein d’une famille du Kerala, se découvrir mutuellement et de partager beaucoup d’amour !

Nous avons eu la chance d’être invités au mariage de Mamitha et Arjun, notre ami du Kérala, Mamitha étant sa Juliette depuis plus de 5 ans… cette référence à Roméo et Juliette n’est pas pour faire « style ». Non seulement elle correspond tout à fait à la situation et elle est parfaitement connue des Indiens… universalisme de Shakespeare. Donc en novembre dernier,Arjun nous annonçait un grand événement…

« Et cela aura lieu quand ? » * a demandé Nathalie au téléphone (*en anglais, of course !).

« Il faut que vous soyez là le 4 février et que vous restiez 10 jours. »

Un peu abasourdis, nous avons alors répondu : « 10 jours… c’est long un mariage dans ton pays! ».

« Et oui ! En fait, la célébration proprement dite sera le 9 février, mais je voudrais profiter un peu de vous après »

« Mais entre le 4 et le 9, que ferons-nous? »

« On se retrouvera tous ensemble et il y aura les préparatifs et les réceptions. »

« Nous ne te promettons rien, mais nous allons voir si nous pouvons venir… »

Un mariage indien, c’est toujours grand, et donc cela nécessite beaucoup de préparatifs, comme la cueillette des feuilles de bananiers.

Il faut en effet prévoir de récolter pas moins d’un millier de feuilles…

…qui serviront d’assiettes pour les convives. Car là-bas, le « top du top », c’est de manger dans une feuille de bananier… et puis ça fait moins de vaisselle après, d’autant plus que, quand on est poli, on mange avec ses doigts!

Oncles, cousins, beau-frère se prêtent joyeusement à la préparation puis, aidés des tantes et grands-mères, au tri et au découpage des feuilles… car dans une feuille, on peut faire jusqu’à 4 assiettes !

Et voici que Nrideva, du haut de ses petites jambes, vient inspecter le travail…

Grand-mère et tante vaquent à leurs tâches, contribuant à la bonne avancée des préparatifs.

Nous sommes époustouflés par la qualité de ce travail collectif. Ici, pas d’esprit de compétition ni de comparaison : chacun apporte son savoir et sa force de travail, par solidarité, et personne n’inspecte personne… enfin, mis à part Nrideva ! Ce mode de vie fait voler en éclat nos conditionnements occidentaux.

Le résultat est bluffant car le tas de feuilles monte à vue d’œil ce qui réjouit notre ami Arjun.

Pour la pause, les charmants oncles sont allés cueillir dans le jardin quelques pamplemousses dont nous nous régalons avec plaisir et des jackfruits – fruits très protéinés – qui serviront à remplacer la viande pour le repas. Attention délicate à notre égard, car nous sommes quasiment les seuls végétariens du mariage !

Petite pause sur le chemin en contrebas de la maison.

Nous aimons profiter de cet environnement de toute beauté. C’est l’occasion de retrouver une Dame que nous avions connue il y a cinq ans, et d’échanger quelques nouvelles… la voici qui arrive sur le chemin.

Mais revenons vers la maison car le camion qui livre le matériel vient d’arriver.

Il est temps de prêter main-forte pour monter tout le chargement au niveau du jardin… comptez une bonne trentaine de marches. Le jardin d’Arjun n’est pas bien grand et commence rapidement à être bien rempli.

Porter d’énormes marmites… Arjun nous dit qu’il va falloir nourrir 700 personnes !

…soulever les tables… car si on mange dans une feuille de bananier, c’est à table qu’on le fait.

Et finalement, se réjouir d’avoir tout simplement participé à cet effort collectif.

Enfin,  prendre le temps de se manifester nos attentions les uns vis-à-vis des autres.

Comme c’est bon d’être ici et de participer avec toute la famille à ces joyeux préparatifs.

Tout doucement, le jardin se pare et prend une nouvelle allure…

Petit tour dans la cuisine d’Usha où il y a aussi de l’ambiance…

…et où cela sent bon la pâte à gâteau!

Dans l’arrière-cour, on a allumé des feux de bois pour préparer le repas car nous sommes 20, 30 parfois 40 occupés aux préparatifs. Et la moindre des politesse ici, c’est de nourrir tous ceux qui participent à l’organisation.

Le riz est égoutté dans de grandes panières… Ici le riz c’est la base de l’alimentation.

Le riz paddy, produit dans les rizières environnantes est magnifique et parfumé. Il sera servi à tous ceux qui sont venus aider aux préparatifs.

Ce riz sera agrémenté de légumes bien mijotés, d’achards maison bien relevés et de papaddums cuits dans l’huile. Les papaddums sont des galettes fermentées que l’on fait gonfler dans un bain d’huile.

De leur côté, Archana et sa cousine s’affairent. Dans une chambre, elles repassent des kilomètres de tissu. Cela prend un bon moment pour préparer les plis des saris de la cérémonie.

La mise en place de la tente des repas et du podium des cérémonies avance maintenant à grands pas.

La décoration commence, le fond du podium sera habillé de roses… un petit côté Bollywood.

Le tout se prépare dans une super ambiance, rires et sourires s’affichent souvent sur les visages…

Quand on fait les choses simplement, la vie est plus légère et moins compliquée.

Tout avance comme prévu, et voici un moment de détente qui tourne à la rigolade : devant l’objectif, les oncles s’amusent à jouer aux »sauvages » qui veulent nous égorger avec leur couteau. « Les gens pensent que nous sommes comme ça en Occident, alors il ne faut pas les décevoir » lance, hilare, l’un d’eux.

C’est toujours le moment de se dire que l’on est heureux ensemble et d’immortaliser cette amitié, simple mais puissante, qui nous permet sans peine d’unir nos différences culturelles, nos coutumes, nos croyances et nos limites. Ici, on n’est pas très riche, peu importe car on a beaucoup d’amour et d’énergie à donner.

Chacun accepte de bousculer un peu ses habitudes pour se rapprocher de l’autre et pour entrer sans cesse un peu plus en résonance avec lui. En Inde, pour réussir une belle photo, on ne doit pas sourire… mais le photographe est européen, et pour lui, une photo réussie, c’est une photo avec des sourires… ce qui, au final, nous vaut de belles parties de rires…

On prend la pause avec les anciens… non, ils ne font pas « la gueule »… même qu’ils sourient et rient souvent… mais pas sur les photos ! En fait, c’est un peu l’inverse des occidentaux qui souvent ne rient « que » sur les photos… la vie est pleine de contradictions !

Arjun est ému par tout ce qui se vit et est heureux de voir que les préparatifs avancent dans une telle ambiance. Aucun cri, aucune remarque désobligeante. Chacun prend sa part et se glisse dans le mouvement comme un surfeur prend la vague.

Petit à petit le soir arrive… la nuit tombe très tôt ici.

J’apprends à frire les délicieux unniyappam. C’est une recette traditionnelle très populaire au Kerala. Ces « petites » bouchées (1000 calories chacune !) sont aussi très utilisées comme offrandes rituelles.

On les cuit dans un appakall dans lequel on a versé de l’huile de coco. Dès que l’huile est assez chaude, on verse la pâte dans les petites alvéoles de l’appakall. On les retourne, pour qu’elles dorent des deux côtés, en les piquant au bout d’une tige de bambou…

… ou, si on a du mal avec la tige de bambou, on a recours à une petite cuillère.

Toujours est-il que c’est un beau travail collectif dans un esprit de communauté. Assises chacune devant nos petits feux, on se relaye pour remplir les alvéoles et pour surveiller la cuisson. Beaucoup d’entraide et de bonne humeur comme toujours ici. On vit l’instant présent en ayant toutes en tête que chaque seconde de ces moments partagés sont toutes très précieuses. Cela génère beaucoup de sérénité et d’amour.

Tout cela sous le regard bienveillant des ammuamma (les grand-mères). L’une se tient sérieusement comme il se doit sur une photo indienne, et l’autre se marre à l’idée de sourire sur une photo… plaisir de la transgression… mais les usages changent, et les jeunes sourient souvent sur les photos. Cette famille nous offre généreusement tout ce qu’elle a : sa gentillesse, ses sourires, ses regards à nous faire craquer…

Le lendemain matin, nous sommes impressionnés en découvrant les quantités de légumes qui ont été livrés pour la cuisine du jour.

Chez la grand-mère d’Arjun, tout le monde s’active déjà à la vaisselle des marmites.

On dégraisse, on frotte, on brique, éponge, rince, essuie… avec une belle énergie.

Dans l’arrière-cour, aujourd’hui, ce sont les hommes qui émincent les légumes, râpent le gingembre, pilent les épices.

Ils ont une parfaite maitrise de leurs recettes. On va encore se délecter…

Épices, condiments, ail, oignon, noix de coco, rien ne manque. C’est fascinant de les observer… et, par anticipation, on imagine sans peine quel enchantement ce sera pour les papilles !

De l’autre côté, on teste la sono: une nouvelle occasion de rire tous ensemble autour de chants d’origine française.

Mais passons à table pour déguster les mets de ces messieurs et prendre encore le temps de rire une nouvelle fois. La découverte mutuelle sans aucun jugement est un pur bonheur, un véritable enchantement pour chacun d’entre nous. Pas de mascarade, pas de faux-semblants; de l’amour à l’état pur! On engrange de la belle énergie pour notre retour en France.

Une fois le repas terminé, pas de vaisselle inutile grâce aux feuilles de bananier qu’il suffit de replier avant de les rejeter à la nature qui fera son travail.

Il n’y aura que les grandes marmites à laver.

Ensuite, chacun prend sa pause comme bon lui semble. Entre ombre et soleil, c’est agréable.

On retrouve les cousines…

…ainsi que les cousins d’Arjun…

…qui rentrent de leurs cours par le petit chemin.

Les paysans du coin vaquent à leurs tâches…

… auprès de leurs animaux qui broutent les repousses de riz tandis que passe un tuk-tuk.

Une tante d’Arjun…

qui s’en va au village. Elle est très élégante… ce qui est un point commun à toutes les indiennes vêtues de leurs magnifiques sari.

Sur le chemin, nous nous amusons avec les plantes sensitives qui se referment dès qu’on les effleure. Il s’agit de mimosa pudica.

Mais voici que, cahotant sur le chemin de terre, arrive un nouveau tuk-tuk chargé de matériel pour le mariage.

Retournons en vitesse à la maison, du travail nous attend…

… un nouveau coup de main. Les jeunes qui sont arrivés ont déjà rejoint les troupes ! Pas besoin de supplier les ados ici. Ils se joignent « naturellement » aux adultes qui ne leur font aucun commentaire. Enfants, adolescents, jeunes et vieux, tout le monde participe avec envie. Un tout autre modèle d’éducation -par l’exemple et sans bla-bla – qui semble bien fonctionner.

On regarde les photos et on sourit.

On est heureux de retrouver les cousines…

…et leur sourire.

Et pour finir en beauté sur ces merveilleuses journées, voici quelques photos du premier repas sous la tente complètement installée.

On partage le repas sur les feuilles de bananiers dans un même élan, mais sans vis à vis : en Inde, le repas c’est un temps personnel et sérieux, pas besoin d’être distrait pas de la parlotte, car sinon on risque de trop manger par manque de conscience et de mal digérer. Si on veut échanger, c’est toujours autour d’un thé ! Les notions d’Ayurvéda, cette discipline vieille de plus de 5000 ans imprègne la vie quotidienne. Elle offre des clés pour vivre une existence heureuse et harmonieuse tout en donnant les moyens de créer un monde meilleur.

Il s’agit à la fois de prendre bien soin de soi, de sa nature profonde – les doshas- et de préserver la vie.

Les visages radieux en témoignent en direct…

et ce qu’ils nous renvoient est puissant pour le moral. La beauté vient du cœur, de la générosité,  du don de soi. Rien à voir avec les slogans consuméristes de la pub en Occident !

Aucun doute sur l’agilité des indiens pour les relations humaines et pour leur capacité à transmettre du bonheur tout autour d’eux.

Les tontons sont super bien organisés et nous sommes tous comblés… ici, c’est pas les « tontons flingueurs », mais les « tontons serveurs » car ce sont eux qui assurent le service à table!

Profitez de toute cette gratitude offerte à chaque instant, c’est un cadeau de la part de cette belle famille !

Ne vous privez pas, laissez-vous toucher par toute cette générosité, par ces regards si profonds qu’ils nous vont droit au coeur.

Par Nathalie et Jean-Yves totalement conquis et comblés

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