
Retrouvez tous les épisodes de cette série sur : https://nathjy.travel.blog/category/serie-le-bouquet/
Extrait de l’épisode précédent : Mon sac, et en avant vers la gare. Métro. Trouver le bon quai. Ce n’est pas possible une gare pareille, un chat y perdrait ses petits ! Après avoir demandé 5 fois, me voici sur le bon quai, puis dans la bonne voiture. Place 18, place 26, place 32, encore un peu plus loin, voici ma place, la 46. Hop, le sac dans la galerie et à peine mes fesses touchent le siège, je m’endors.
Profondément déçue d’avoir raté Julien de si peu, Lucie erre un moment, complètement perdue, dans la Gare de Lyon. Des larmes de tristesse ou de rage lui brouillent maintenant la vue. Elle tourne en rond pendant une bonne quinzaine de minutes, espérant voir surgir Julien de n’importe quel coin de la gare.
-Quelle sotte, je fais. Il avait bien trop hâte de regagner sa cambrousse. Il n’y a aucune raison qu’il ait raté son train.
En désespoir de cause, elle reprend en sens inverse le chemin, qu’elle vient de parcourir. Le souterrain et ses SDF, le ministère des finances, la station de métro de Bercy, la ligne 6 jusqu’au métro Raspail. Son esprit est en mode pilote automatique. Débouchant du métro, devant le café-bistrot le Lithographe, elle n’a aucune envie de rentrer chez son oncle et décide de marcher un peu. On dit que cela remet les idées en place. Elle tente sa chance.

Devant l’hôtel Léopold, en admirant les magnifiques lustres, elle songe à la soirée d’hier soir et à la balade qu’elle a fait en compagnie de Julien, juste avant de le laisser bêtement filer.
Au coin du boulevard Raspail et de la rue Léopold Robert, elle retrouve la bonne odeur du pain de M. M’Seddi, celui qui a reçu le premier prix de la meilleure baguette de Paris en 2018. C’est chez lui qu’elle venait acheter le pain, les dimanches midi, quand elle déjeunait, avec ses parents, chez son oncle.
Juste avant de croiser le boulevard du Montparnasse, elle s’extasie sur le jeu de lumières mis en scène au Brodway. En prime, cela sent bon la pizza au feu de bois. Elle retrouve un peu d’entrain et quitte le mode pilotage automatique.
De l’autre côté du carrefour, à la limite du XIVème et du VIème arrondissement, sous le regard courroucé d’un Balzac sculpté de la main de Rodin, elle aperçoit la célèbre devanture rouge vif de la Rotonde.
Plus bas sur le boulevard Raspail, elle débouche sur la station Rennes. C’est là que se tient chaque dimanche matin, un marché biologique renommé. Se fondre dans la foule, lui fera le plus grand bien en lui permettant de retrouver un peu de cette ambiance qu’elle apprécie tant sur les marchés indiens. Une explosion de couleurs et de saveurs.

Perdue dans ses pensées, devant les céramiques de la station de métro, elle se souvient qu’un ami de Julien leur avait donné un cours à ce sujet, un soir au retour d’un week-end en Touraine, il y a bien longtemps.

Elle se glisse dans le marché sur lequel les sources de distraction ne manquent pas : petites robes à smocks suspendues au niveau du stand malgache…

…savonnettes à la corde de différents parfums : un festival pour les narines.

Vient ensuite un florilège de courges d’automne.
Plus bas, un bouquet d’artichauts violets domine, depuis son panier, des bottes de radis bien rouges.

Aucune hésitation, cette virée sur l’allée Sonia Rykiel lui fait déjà le plus grand bien.

Par leur couleur bien orangée, des potimarrons tranchent sur le vert des choux . Une belle harmonie avec des paniers déposés un peu plus loin et qui attendent sagement le chaland.

Un marchand de jus frais a mis en valeur les couleurs de ses nectars de fruits et de légumes.

La famille italienne tient toujours son stand et celui-ci est toujours aussi alléchant.
Chez le couple de marchands de primeurs du Lot, Lucie est bien tentée par les quelques pommes qui restent au fond d’un panier. La marchande a saisi son regard et lui confirme qu’elles sont bien goûteuses. C’est son frère qui est producteur.

Le stand suivant est celui de la fromagère qui est une bonne copine de son oncle.

Mais revenons un instant au stand de notre couple de marchands de légumes. Quelques patates douces devancent des châtaignes d’un beau calibre.

Les échalotes se dorent la pilule au soleil.

Lucie opterait bien pour ce beau chou brocolis.

A moins qu’elle ne se laisse tenter par l’un de ces petits choux rouges bien pommés.

Elle hésite aussi à prendre deux ou trois belles William bien dodues ; la marchande garantit qu’elles sont à point et bien juteuses.

Mais Lucie a ce qu’il lui faut pour les jours à venir et sont regard est attiré par la marchande de fromages qui l’a reconnue et lui fait de grands signes.
-Alors, Lucie, de retour en France. C’est nos fromages qui te manquaient, j’en suis sûre. Comment va ton oncle, encore en vadrouille ? Et ton ami ? Tu sais, le gars bien gentil,celui qui portait toujours une écharpe orange et avec qui tu venais souvent, avant de partir en Inde ?
Et paf, voilà que Julien ressurgit entre le Morbier AOP et la Fourme d’Ambert.

-Tiens ma p’tite Lucie, tu veux bien que je t’appelle encore comme ça ? Je te donnerai bien un p’tit Neuf-Châtel, c’est bon pour les amours. Tu verras, il est doux comme un cœur amoureux.
Et paf, une deuxième couche !
-Bon, je suppose que je te mets aussi un morceau de douceur du Tarn ?
Lucie est épatée par la mémoire de la fromagère. En plus, elle est toujours aussi sympa.
-Je prendrais bien une petite part de tomme aux fleurs. Ce sera un vrai réconfort.

Les Breccous bien secs lui font aussi de l’œil. Ils sont bien alignés dans leur cagette avec quelques noix pour les agrémenter. Ici, on ne lésine pas sur la présentation. En plus d’être fort sympathique, la marchande est aussi artiste. Son étal est un véritable hymne aux fromages de France et de Navarre. Tiens d’ailleurs en parlant de Navarre, il y a justement un Manchego qui a l’air bien affiné.

Les chèvres frais attendent, sagement empilés, qu’un amateur les aperçoivent. Lucie demande son compte.
-18,40 € , le Neuf-Châtel et le Breccou, c’est cadeau de la maison.
Lucie a toujours eu un faible pour cette marchande. C’est sans doute le besoin d’échanger avec elle qui l’a menée ici depuis la sortie du métro.
– Bon dimanche alors. Tu restes sur Paris quelques temps ? On te reverra ?
-Oui, peut-être bien dimanche prochain.
-Tu viendras avec ton chéri ?
Troisième couche…
En remontant le boulevard, Lucie ne peut résister à quelques chanterelles d’un beau jaune orangé. A moins qu’elle n’opte pour la soupe à l’indienne. C’est une valeur sûre contre les coups de blues.
Un bouquet de menthe lui tend les bras, il servira à faire du thé. Ça aussi c’est un bon remontant !

Pas de poisson pour aujourd’hui, bien que les étals semblent merveilleusement frais.
Quittant le marché, elle prend par la rue du Montparnasse, ça rallonge, mais c’est plus calme que le boulevard Raspail. Puis elle s’enfile le boulevard Quinet où elle croise le Busabri qui se repose, en ce dimanche, à deux pas du cimetière du Montparnasse.

Passant devant le Duc, le fameux restaurant, elle croise le voiturier qui lui dit qu’elle a l’air plus fraîche que la nuit dernière.

Voilà, il ne lui reste plus qu’à retrouver ses clefs pour entrer au 31 de la rue Campagne Première.
Elle pénètre enfin dans l’appartement et aperçoit le superbe bouquet de fleurs déposés par le fleuriste qui a si vite filé ce matin. Il est temps qu’elle s’occupe de ce bouquet abandonné sur le rebord du lavabo. Trouver un vase, couper les queues et en profiter cette fois-ci.

Par Nathalie
Avec beaucoup de retard, je m’embarque dans ce 7e épisode qui nous offre en prime un escapade au marché bien agréable 🙂 A quand l’épisode 8?
J’aimeAimé par 1 personne
Humm belle balade parisienne et vivante !!!la vie de Lucie bien agréable même si Julien se fait discret on envie cette vie !!!!
J’aimeAimé par 1 personne